Les songes sont des rêves prémonitoires concernant la collectivité tandis que les rêves prémonitoires ne concernent que le rêveur ou ses proches. Ces rêves puisent à la même source que les prophéties. Le prophète n’est pas celui qui prédit l’avenir mais celui qui voit les cieux ouverts. Son esprit fonctionne dans un non-temps : l’éternité ; il a donc accès à toutes les informations concernant le passé, le futur et l’essence même des choses.
L’inconscient n’est pas soumis au temps.
Un des songes les plus célèbres de la Bible est celui de Pharaon: » 7 vaches grasses puis 7 vaches maigres et 7 épis gras puis 7 épis maigres. » Joseph y décela 7 années de prospérité suivies de 7 années de disette. Ce qui se confirma par la suite.
Le rêveur pressent toujours que ce rêve-là est essentiel même s’il est très simple (ici, des vaches et des épis de blé) car l’ambiance du rêve est prégnante. Ce genre de rêve est inoubliable.
Les rêves prémonitoires, ceux qui remontent souvent à la conscience dans une situation donnée, sont du même ordre mais sur un plan personnel. Ils donnent ces impressions de déjà vu que tout le monde a un jour ressenties.
Il est difficile de comprendre a priori qu’un rêve est prémonitoire.
« Une personne visite sa future habitation avec un prêtre. Il y a des tas d’objets à jeter et beaucoup de toiles d’araignée. »
-Sur un plan intérieur : d’après les associations du rêveur, l’interprétation était la nécessité – après un parcours très marginal dans l’ésotérisme – de faire du ménage dans ses croyances et de ne plus mélanger une foi réelle avec des attentes magiques.
-Sur un plan historique : dix ans plus tard, le rêve est remonté à la mémoire du rêveur (qui l’a recherché dans ses carnets) alors qu’il visitait, avec un ami prêtre, l’appartement (du rêve) dont il venait d’hériter et qu’il allait prochainement habiter.
Nous pouvons penser que les personnes qui essaient de comprendre le fonctionnent de leur inconscient personnel bénéficient plus facilement des informations provenant de l’inconscient collectif.
Jung eut une vision de « son médecin – le docteur Haemmerli – auréolé d’une couronne de lauriers roses… puis il lui apparut sous une forme première. »
Jung conclut que lorsque quelqu’un arrive à cette forme-là, la mort est proche.
Il pensait que c’était sa propre vie qui était en danger puis il comprit qu’il s’agissait de celle de son médecin. Ce dernier ne voulut rien entendre des visions de Jung mais il dut s’aliter et mourut deux mois plus tard d’une septicémie.
« J’apprends qu’il va y avoir une tempête sur l’Angleterre avec danger de meurtres d’enfants. Dans un groupe en effervescence, des gens cherchent ce qui va se passer. Je répète : tempête en Angleterre, il faut protéger les enfants. Un bulletin d’alerte est déclenché. Sensation de grande angoisse. »
Le pays étranger peut exprimer l’inconscient.
La rêveuse était paisible. Nous n’avons pas saisi le sens de la tempête.
Deux semaines plus tard, le journal local faisait sa une avec l’horrible meurtre de deux petites filles, Holly et Jessica, avec les mots suivants : « Tempête en Angleterre… ».
Les informations que donne le rêve peuvent concerner des plans très différents.
« La peur d’être submergé par l’océan » peut être fréquemment comprise comme le déferlement de l’inconscient collectif lorsque l’individu est terrassé par l’angoisse.
En réalité, la personne qui a fait ce cauchemar a revécu cette sensation d’étouffement quelques jours plus tard, en faisant un œdème pulmonaire aigu.
Une maman voit « un homme (le moniteur d’équitation essayer de mettre la main dans la culotte de sa fille. Elle voit distinctement trois doigts. »
Cela se reproduit trois fois dans la nuit. Elle se réveille très angoissée. Le matin, elle fait part à la fillette des précautions à prendre vis-à-vis d’adultes perturbés… Celle-ci, pas du tout concernée, lui dit en zozotant et en riant : «Puisque tu me parles de sexxx regarde ! »… Elle lui montre alors trois boutons sur le pubis situés au même emplacement que les doigts de l’abuseur dans le cauchemar de la mère. Le médecin diagnostiqua une affection virale très contagieuse qui put être soignée rapidement. Elle l’avait probablement contractée à la piscine ou au haras, lieux où les filles échangeaient fréquemment leurs vêtements…
Une jeune fille de 17 ans développe un cancer, elle fait le cauchemar suivant :
« Je suis autour de mon corps, je flotte et ne peux le réintégrer pendant 2 ans. C’est abominable… »
Elle conclut le récit du rêve en disant qu’avec les déformations de son corps dues à la maladie et aux traitements, elle ne se reconnaît plus quand elle aperçoit sa silhouette dans un miroir.
L’interprète émet l’hypothèse que le traitement va durer deux ans, gardant pour lui sa peur que l’issue de ce cancer du foie ne soit fatale à cette échéance. En réalité, la jeune fille a été sauvée par une greffe deux ans plus tard et ce, contre toute attente car l’hépatite qui avait entraîné le cancer contre-indiquait la greffe. Quelques années après, elle était en pleine forme et les médecins optimistes.
Il est prudent d’interpréter ces rêves comme des possibilités ou des mises en garde non déterministes. Les songes sont rares mais leur côté merveilleux fascine.
Une grande prudence s’impose quant à l’interprétation d’un rêve qui peut être prémonitoire. Ce n’est que, rétrospectivement, que nous pourrons en avoir la confirmation.
Les événements extérieurs entrent en résonance avec notre intériorité et nous ne captons que ce qui fait écho en nous.
« Je me promène dans mon village en plein soleil. P. avance vers moi, elle est bouffie. Elle me regarde et dit ça ira mieux dans 15 mois. Je pars, j’ai trop souffert, je n’ai pas pitié d’elle. »
La rêveuse venait de demander le divorce car P. était la maîtresse de son mari. Le divorce fut prononcé rapidement. La rêveuse et son ex-mari restèrent en bons termes puis renouèrent leur liaison amoureuse 15 mois plus tard (ça ira mieux dans 15 mois)…
Souvent, nous replonger dans nos rêves anciens permet à la fois de comprendre des événements qui nous étaient annoncés mais que nous ne savions pas interpréter et de préciser notre propre symbolisme.
« Une jeune fille doit prendre l’avion. Alors que le haut-parleur de l’aéroport annonce qu’il va s’écraser, sa mère insiste pour qu’elle le prenne quand même. »
Elle se réveille, très angoissée et en colère contre sa mère. En réalité, sa mère la poussait à passer son examen de fin d’année croyant que sa fille manquait de confiance en elle. La fille savait plus ou moins consciemment qu’elle allait à l’échec.
Selon le contexte, « l’avion » symbolise la mère toute puissante qui porte l’enfant (ou le rêveur infantile), l’élévation (morale, matérielle liée à une promotion ou spirituelle) ainsi que le fait de planer et de ne pas avoir les pieds sur terre.
L’auteur d’une pièce de théâtre s’endort quelques secondes sur le fauteuil avant la première.
« Il voit toute la représentation ainsi que des petits incidents imprévisibles. »
Lorsque le premier acteur entre en scène et est applaudi, il s’éveille. La pièce se déroule ensuite à l’identique du rêve qui semble avoir anticipé la représentation en un temps restreint.
Singularité du temps dans l’inconscient !
« Je pénètre dans la chambre de Louise, deux hommes y sont déjà. Ils veulent sortir le piano mais celui-ci tombe en petits morceaux. »
Louise avait eu deux maris auxquels elle était encore très liée. Le rêveur semble prévenu qu’il trouvera difficilement l’harmonie (le piano tombe en petits morceaux) dans cette relation.
Ils travaillent tous les deux pour l’armée. Sa femme effectue une mission de 5 mois à l’étranger.
« Elle est dans les bras d’un type immense, ils sont nus. »
Le cauchemar revient quand il se rendort. Le lendemain, il parvient à la joindre. C’est la première fois qu’il l’appelle en mission et que sa confiance est ébranlée. Elle le rassure. Cependant à son retour, elle admet qu’elle a rencontré un autre homme (genre Schwarzenegger) et qu’elle veut divorcer. Il est effondré, demande un an de congé et part faire le tour du Brésil en moto. Des nausées matinales régulières le font revenir en France… Il apprend que sa femme est enceinte. Ses nausées cessent. Il accepte de divorcer puis rencontre une autre femme qui aime voyager comme lui. Il est apaisé, serein et heureux. Non sans humour, il se demande s’il va ressentir les contractions de l’accouchement au même titre qu’il avait senti les nausées en début de grossesse. Le risque est maintenant nul car il est psychologiquement détaché de son ex.
« Je suis au cimetière, accroupie devant la tombe de mon beau-père, le bras sur la stèle et je pleure. Il y a un enterrement suivi par la mère et la sœur de mon mari. Sur la tombe, des rossignols se posent en formant un cœur. Je suis étonnée! La sœur de mon mari vient me parler : « Maman s’est remariée ». Je ne suis pas au courant, je suis très déstabilisée. »
Ce rêve a été fait par une femme dont le couple traversait une crise (je pleure, je suis très déstabilisée). Il a pris une connotation prémonitoire cinq ans plus tard. Le couple avait divorcé et la sœur du mari avait favorisé le divorce. Le couple s’était ensuite retrouvé et vivait une nouvelle passion (des rossignols formant un cœur). Au départ, le rêve ne parlait que d’une mort (au cimetière) et d’un renouveau (s’est remariée), sans pouvoir préciser plus.
« Avec les échantillons que l’on m’a donnés à la pharmacie il y a des cartes de visites vantant des restaurants ou des produits alimentaires. Sur l’une est écrit le nom du maire avec la mention : fabrication de foie gras. »
Le rêve est resté sans explication jusqu’à ce que ce personnage public, dont la rêveuse avait juste entendu le nom, meure dix ans plus tard d’une cirrhose (foie gras).
« Je reconnais de dos mon amie Isabelle. Elle est vêtue d’une grande jupe. Elle regarde deux catcheurs se rouer de coups, puis le combat s’arrête. Un des deux catcheurs se penche pour lui présenter un enfant merveilleux. Elle exulte, puis veut quitter le ring maintenant qu’elle l’a vu. Elle cherche la sortie avec empressement. Cela devient angoissant. »
Le lendemain, la rêveuse appelle son amie pour discuter avec elle de ce cauchemar c’est-à-dire faire le point sur ce qui pourrait les concerner l’une ou l’autre. Isabelle était décédée durant la nuit d’une hémorragie cérébrale. Elle avait quitté le ring précipitamment.
« Je traverse une forêt broussailleuse, envahie de papillons noirs. J’arrive à une clairière où se tient un conseil d’animaux mythiques. Une voix se fait entendre : « Ce n’est pas l’heure du Sieur R. ». Je dois rebrousser chemin et retraverser la forêt envahie de papillons noirs qui se dispersent à mon passage. »
Le « Sieur R. » était hospitalisé. Le chirurgien avait ouvert et refermé son abdomen. Les métastases étaient trop nombreuses… Il était resté un mois dans un profond coma et en sortit en ayant l’impression que ce rêve avait duré tout le temps de son anesthésie. Il revint petit à petit à la vie, regrossit, reprit le volant et eut une vie agréable. Environ trois ans plus tard, il s’éteignit paisiblement en dormant.