A chaque changement d’état, des rêves de mutation viennent peupler les nuits et plus particulièrement lors du passage de l’enfance à l’adolescence, de l’adolescence à l’âge adulte, à la fin de la crise du milieu de vie puis à l’âge de la retraite (annonçant en principe l’âge spirituel).
Les verbes qui parlent de mutation sont les suivants : mourir, traverser, déménager (il peut aussi parler de problèmes psychiques), voyager (l’étranger symbolise notre inconscient), passer la frontière…
Se voir mort est l’annonce d’une transformation personnelle majeure, cela ne prédit aucune catastrophe.
J’ai oublié mes médicaments et je sais que je vais mourir. Ce n’est pas grave.
Je suis condamné à mort et ce n’est pas angoissant.
En effet, le changement est naturel.
J’arrive chez mes parents et vois deux cercueils ouverts posés sur des tréteaux. La curiosité me pousse à aller voir si ce sont bien mes parents qui sont morts. En même temps, je me dis qu’ils sont les seuls à habiter là.
Cette personne, avec l’aide d’un thérapeute, se détachait peu à peu de l’emprise de ses parents. Elle avait été dépressive et avait commencé une analyse plus par curiosité que par confiance dans la thérapie… Elle sortait peu à peu de l’influence parentale, s’apprêtait à quitter l’entreprise familiale et envisageait sa réorientation professionnelle avec satisfaction.
Il y a eu de grandes catastrophes sur la terre et beaucoup de morts. Je pense qu’on va tous y passer. J’ai soif et suis agréablement étonnée de boire de l’eau de mer douce. Après tout ce que l’on vient de passer, enfin une bonne nouvelle : on ne va pas mourir de soif.
Muter, c’est le but de toute initiation traditionnelle qui propose de mourir pour renaître.
Nous pourrons rencontrer des rêves de catastrophe cosmique, de saut dans le vide, de raz de marée, de tremblement de terre ou de volcan en éruption. Le rêveur les traverse sans dommage dans l’espoir d’une accalmie.
Cela peut être également pour symboliser le changement de plan : une décapitation, un changement de pays, de ville, de peau… Normalement, ce n’est pas angoissant pendant le rêve mais cela engendre une émotion au réveil.
La peau de mon visage est partie. Quand je suis guérie, je me vois telle que je suis mais je ne me reconnais plus. C’est étrange.
Cette jeune fille terminait ses études, commençait à travailler et se mettait en ménage. C’est peu dire qu’elle changeait de peau !
Un parapet va s’effondrer, je dois sauter sur une falaise distante de quelques mètres. J’arrive à flanc de paroi sur un immense galet. Je cherche à monter mais une voix off m’ordonne de descendre. J’obéis à contrecœur et trouve une route.
Le risque d’inflation psychique est présent (volonté de monter). Le rêveur n’est pas arrivé à une étape de repos dans son parcours intérieur. Il doit continuer à explorer son inconscient (descendre) avant de pouvoir sentir les bienfaits de son évolution. La voix a été attribuée à Dieu, c’est donc une manifestation du Soi.
Quand la personne n’arrive pas à lâcher le passé, des cauchemars plus ou moins effrayants se manifestent :
Quelqu’un essaie de m’étrangler, la maison risque de s’effondrer, des tremblements de terre menacent de tout engloutir…
La route est barrée, fermée pour travaux…
La rêveuse avait besoin de travailler sur des comportements engendrés par une maman hyper possessive. Elle semblait distante par rapport à son enfant alors qu’elle était figée par peur de reproduire le comportement de sa propre mère.
Un barrage est sur le point de rompre, j’ai peur. Un homme m’aide à traverser cette eau dégoûtante. Le barrage craque mais je suis sauvée. Je cherche l’homme qui m’a aidée, il est introuvable.
L’animus (un homme) donne du courage pour faire le chemin, passer d’un niveau de conscience à un autre. Pour cela, il faut descendre et traverser l’ombre (cette eau dégoûtante).
Ces manifestations de l’inconscient correspondent à la désorganisation d’un niveau de conscience (qui n’est plus adapté et tente de s’effondrer) et ce, dans le but de faire cesser une discordance intérieure et rétablir l’harmonie à un autre niveau que l’individu ne perçoit pas encore. Ce lâcher prise nécessite une certaine confiance en l’avenir et une véritable sécurité intérieure.
Le changement s’enclenche en nous et nous ne savons pas où cela nous mène : Je ne me rappelle plus l’adresse pour la donner au taxi.
Cela donne parfois une impression d’immobilité :
– Je cours sur place
– Je pédale mais n’avance pas…
ou de vitesse excessive :
– Le bateau à fond plat est en réalité un puissant hors-bord qui nous dépose à quelques mètres de la fusée que nous allons prendre…
– Je suis debout sur le frein ; ma voiture recule et tombe dans le vide sans jamais atteindre le fond…
Notre capacité à accueillir cette évolution intérieure diffère d’un individu à l’autre ; cette évolution pouvant apparaître trop rapide pour certains ou trop lente pour d’autres.
Dans tous ces rêves, le danger est présent mais le rêveur n’est pas directement inquiété.